Esquisse de l'histoire

Sommaire

La Division de pédopsychiatrie de l’Hôpital général juif (HGJ) prodigue des soins aux enfants et apporte un soutien à leurs familles depuis 1967. À l’origine constitués d’une petite unité clinique interne et d’un hôpital de jour, les programmes cliniques ont évolué au fil des ans pour comprendre aujourd’hui un hôpital de jour, un hôpital de soir et des services de consultations externes pour les enfants de 2 à 15 ans.

En 2017, la Division traite en moyenne par année 400 enfants et leurs familles. Les enfants, provenant d’un large territoire déterminé par les commissions scolaires anglophones, ont subi un traumatisme affectif ou présentent nombre de problèmes, notamment des troubles de maturation, du comportement ou émotifs. Les programmes cliniques s’appuient sur des traitements multidisciplinaires multimodaux incluant des interventions psychologiques, psychosociales et psychopharmaceutiques. L’engagement et la participation des familles font obligatoirement partie du traitement.

Le programme est unique au Canada en ce sens qu’il repose sur une approche avant-gardiste qui engage la participation de la famille et communauté de l’enfant. Les enfants admis à l’hôpital de jour poursuivent en général un traitement pendant une année scolaire et reçoivent un enseignement spécialisé visant leur réintégration graduelle à l’école accompagnée d’aide psychosociale.

Cette démarche novatrice a rendu la Division de pédopsychiatrie de l’HGJ, depuis sa création, un centre de formation et d’enseignement convoité par les médecins en résidence de l’Université McGill et par les étudiants de plusieurs universités et cégeps de Montréal. De plus, la Division de pédopsychiatrie de l’HGJ constitue un terrain de recherche fertile fortement ancré dans la psychiatrie psychosociale et transculturelle et plus récemment, dans le domaine de l’épigénétique.

Historique

La Division de pédopsychiatrie de l’HGJ est née du projet envisagé par le Dr Nathan Epstein, directeur du Service de psychiatrie de l’HGJ de 1960 à 1967. Ce dernier introduisit en effet la psychiatrie canadienne à une méthode novatrice d’évaluation et de traitement des troubles mentaux au sein de la cellule familiale, approche très différente du modèle psychanalytique et de thérapie psychiatrique centrée sur l’individu qui prévalait à l’époque. S’appuyant sur cette approche, le Dr Epstein soutint l’ajout d’une unité de pédopsychiatrie parallèle à l’unité de psychiatrie et aida un jeune résident, le Dr Ronald Feldman, à acquérir la formation requise pour mettre en œuvre ce projet.

La Division de pédopsychiatrie fut inaugurée en 1967 au pavillon B, 4e étage, aile nord-est, de l’HGJ, avec Dr Ronald Feldman comme directeur fondateur. Les deux premières années, la Division comptait une unité de soins interne de 7 lits pour les enfants en détresse et un hôpital de jour offrant des soins à 15 enfants âgés de 2 à 12 ans, certains atteints d’autisme grave et d’autres, sévèrement handicapés par des troubles du comportement . La première équipe clinique affectée à l’approche multidisciplinaire était composée, notamment, de Kathie Carnaghan Sherrard (infirmière-chef), Judy Labow Wugalter (enseignante-chef), et Linda Schecter (ergothérapeute).

En 1970, l’unité de soins interne fut fermée et l’hôpital de jour fut agrandi pour pouvoir traiter de 40 à 50 enfants de 2 à 12 ans et soutenir leurs familles. La Division mit également sur pied un hôpital de soir, un programme postscolaire axé sur les aptitudes sociales et des groupes d’aide aux parents. Le Service de consultations externes fournissait des évaluations spécialisées et des services de suivi pour les enfants âgés au plus de 15 ans présentant des problèmes comportementaux, émotifs et traumatiques, comblant ainsi l’écart sur le plan des services offerts aux jeunes de 12 à 16 ans. La thérapie familiale et le soutien parental faisaient partie intégrante des programmes et dès le début, puériculteurs et éducateurs animaient divers groupes de soutien : groupes d’aide aux mères, groupes de soutien parental et groupes communautaires. Les visites à domicile furent également assurées jusqu’au début des années 2000.

Les membres du personnel reçurent une formation initiale en thérapie familiale par le Dr Ronald Feldman, complétée plus tard par une formation en thérapie conjugale et familiale à l’HGJ. Dans les années 1970, l’infirmière-chef Kathie Carnaghan Sherrard participa à l’implantation d’un programme en éducation spécialisée au Cégep Vanier.

L’expansion de l’hôpital de jour dans les années 1970 exigea l’embauche de plus d’enseignants de la Commission des écoles protestantes de Montréal pour assurer un enseignement primaire aux enfants traités. Les salles de classe du Service de pédopsychiatrie de l’HGJ furent adaptées au cadre thérapeutique pour faciliter des interventions et soins plus personnalisés. La réintégration des enfants à l’école communautaire étant le principal objectif du traitement, les activités de suivi, de soutien et de communication avec le personnel de l’école devinrent des éléments clés de la réussite du programme. L’enseignante-chef Judy Labow Wugalter fut la première à établir des liens spéciaux avec les écoles afin de veiller à la réintégration réussie des enfants après leur traitement. En général, les enfants reprenaient l’école normale au bout de 6 à 12 mois de traitement à l’HGJ.

À partir des années 1970, d’autres programmes thérapeutiques furent ajoutés, notamment des colonies de vacances organisées dans des camps scouts aux Laurentides de 1971 jusqu’à la moitié des années 2000. Les camps étaient dirigés par le personnel enseignant et infirmier de l’HGJ. La Division de pédopsychiatrie veillait au financement de ces programmes et d’autres activités d’épanouissement au moyen d’événements et de campagnes de récolte de fonds, comme des ventes de pâtisseries, un bazar annuel, des soirées de cinéma et des conférences.

En 1977, le Dr Feldman quitta ses fonctions de directeur du Service de pédopsychiatrie et fut remplacé par le Dr Martin Solomon, qui resta en poste jusqu’en 2004.

Dans les années 1990, l’Hôpital manquant cruellement d’espace, les services de pédopsychiatrie furent dispersés dans plusieurs autres établissements : au pavillon B de l’Hôpital juif, dans le sous-sol de l’Institut de psychiatrie communautaire et familiale et dans plusieurs écoles des environs, dont les écoles Coronation, Bedford et Bancroft.

L’année 1992 marque un moment critique pour le Service qui se voit menacé de fermeture. Judy Labow Wugalter (enseignante-chef), Judy Gradinger (psychologue) et Judy Fish (enseignante) se mobilisèrent alors pour fonder un groupe d’action et d’intervention très efficace intitulé « Les trois baleines », nom inspiré par la campagne « Sauvons les baleines » de l’époque. Le Service bénéficia d’un soutien énorme de la part des familles, des directeurs d’école et de la communauté. Après une série de rencontres avec les dirigeants de la communauté, les membres du conseil d’administration de l’HGJ et des représentants du gouvernement, « Les trois baleines » réussirent à sauver le Service.

Bien que le Service ait échappé à la menace de fermeture, il lui était encore difficile de réaliser sa mission sans disposer d’installations centralisées et assez spacieuses. En effet, les traitements étaient souvent assurés dans les couloirs et des salles partagées. Les équipes de soins interdisciplinaires devaient, quant à elles, composer avec des temps de déplacement plus longs et l’obligation de travailler seules dans des locaux satellites. De 2005 à 2009, l’infirmière-chef Rosemary Short, en poste de 1990 à 2017, et la nouvelle directrice Dre Jaswant Guzder préparèrent plusieurs propositions de financement en vue d’améliorer le Service. Envisageant la construction d’un nouvel édifice entièrement consacré à la pédopsychiatrie, les propositions visaient à résoudre définitivement le manque d’installations appropriées. La Fondation de l’HGJ apporta un soutien formidable au projet, incitant plusieurs donateurs et bienfaiteurs privés à participer, entre autres les familles Kaplan, Goodman et Steinberg. Le 14 septembre 2010 marqua l’inauguration du nouveau Centre du développement de l’enfance et de la santé mentale Ruth et Saul Kaplan au 4335, chemin de la Côte-Sainte-Catherine, en présence de représentants du gouvernement, de l’Hôpital et des Premières Nations. Les nouvelles installations spécialement conçues en fonction des besoins des enfants permettent de regrouper et d’assurer les soins plus efficacement. De plus, grâce à sa collaboration avec la Fondation de l’art par la guérison, le Centre intègre désormais l’art à son milieu thérapeutique.

En 2012, la Dre Jaswant Guzder, directrice du Service de pédopsychiatrie, reçoit la Médaille du jubilé de diamant de la reine en reconnaissance de son apport exceptionnel à la communauté, à la promotion d’équité et de diversité en matière de santé et à l’excellence dans la recherche.

En 2015, le ministère de la Santé du Québec s’engage dans une réforme visant à assurer un continuum de soins dans les centres de soins primaires, secondaires et tertiaires au sein du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Centre-Ouest, dont l’HGJ fait partie.

En 2017, la Dre Jaswant Guzder quitte ses fonctions de directrice et la Dre Paola Habib devient la nouvelle chef du Service de pédopsychiatrie de l’Hôpital général juif.

Les employés, familles et membres de la communauté n’ont cessé d’œuvrer pour aménager un vrai « village » dans la Division de pédopsychiatrie de l’HGJ. Cette camaraderie est non seulement bénéfique à l’environnement de travail, mais aussi aux interventions, activités de financement et camps. L’un des événements les plus attendus de l’année est la « Cérémonie de promotion », dans le cadre de laquelle les employés et les familles se réunissent pour reconnaître et célébrer le travail acharné et les progrès des enfants.

Enseignement

La Division de pédopsychiatrie de l’HGJ a, depuis les tout débuts, attiré les stagiaires et internes de divers programmes et universités à Montréal. Le personnel de la Division a été chargé de l’enseignement et de la supervision des étudiants du cours de certificat accrédité en thérapie conjugale et familiale (TCF) donné à l’HGJ. Ce programme est par la suite devenu, en 2013, un cours de 2e cycle au sein de l’École de travail social de l’Université McGill, dirigé par la Dre Sharon Bond, directrice de la clinique de Thérapie conjugale et familiale de l’HGJ. Cette alliance avec la clinique a mené à la création, en 2013, d’un programme de bourse de recherche axé sur la formation en thérapie conjugale et familiale au sein de la Division de pédopsychiatrie de l’HGJ, une chance unique au Canada.

Recherche

La Division de pédopsychiatrie de l’HGJ est très active sur le plan de la recherche et a dès le début bénéficié de la collaboration des unités de recherche en psychiatrie psychosociale et transculturelle du Service de psychiatrie de l’HGJ. Les docteurs Phyllis Zelkowitz, John Sigal, Laurence Kirmayer, Cécile Rousseau, Joel Paris et d’autres ont œuvré dans ces domaines. Une jeune génération de chercheurs dirigée par le Dr Ashley Wazana et la Dre Rachel Kronick poursuit cette solide tradition et étend ses travaux à de nouveaux champs d’intérêt.

Gens

Pour soigner et défendre les enfants aux prises avec des problèmes de santé mentale et comportementale, il faut un « village ». Ce village de la Division de pédopsychiatrie de l’HGJ a été créé par des gens de différentes disciplines et de divers antécédents qui ont fait preuve de passion, de dévouement, de résilience et d’un esprit avant-gardiste.

La Division a été mise sur pied et soutenue grâce à l’aide de la collectivité dans son ensemble incluant bénévoles, étudiants, familles, membres de la communauté et généreux donateurs, et au soutien des dirigeants du Service de psychiatrie de l’HGJ.

Voici les pionniers, ceux et celles qui ont été d’un apport exceptionnel au programme et ont consacré 25 années de service à la Division de pédopsychiatrie de l’HGJ :

Le Dr Nathan Epstein, directeur du Service de psychiatrie à l’HGJ, fondateur de la Division de pédopsychiatrie de l’HGJ et défenseur de l’utilisation de la thérapie familiale en psychiatrie dans les années 1960.

Directeurs de la division:

  • Dr Ronald Feldman (1967 à 1977), membre du personnel jusqu’en 2015;
  • Dr Martin Solomon (1977 à 2004), membre du personnel jusqu’en 2016;
  • Dre Jaswant Guzder (2004 à 2017), continuant comme consultante et chercheure;
  • Dre Paola Habib (2017 - ).

Psychiatres au fil des ans : Dr Ed Levinson (Centre de jour), Dr Dave Weiser (Services de consultations externes), Dre Nancy Carpenter, Dre Judy Vogel (actuellement chef des Services de consultations externes, longs états de service), Dre Marsha Heyman, Dr Ashley Wazana, Dre Rachel Kronick, Dre Cécile Rousseau (consultante), Dre Lucie Nadeau (consultante), Dr Toby Measham (consultant).

Infirmier(ères)-chef : Kathie (Carnaghan) Sherrard (1967 à 1984), Rosemary Short (1990 à 2017), André Riendeau (2017 - ).

Infirmier(ères) : Vincy Pulikakudyl, Joe Mootasawmy, Rochelle Margolese, Mia Grillakis

Travailleuses sociales : Janet Sutherland (1969 à 2016), Sherrie Poplack (1969 à 2017)

Psychologues : Judy Gradinger 1968 -, Linda Greenberg 1968 -

Enseignantes (éducation spécialisée) :Judy Labow Wugalter (1967 à 2016, première enseignante embauchée et enseignante-chef de 1967 à 2013), Judy Fish, Olga Sher, Goldie Welik, Chava Respitz, Eva Feil (1979 à 2016), Carol Sector (35 années de service);

Travailleurs et éducateurs spécialisés en soins à l’enfant : Ed Miller, Steve Trowbridge (premier coordonnateur du Centre de traitement de jour), Tina Roth, Cynthia Roth, Ilana Haller, Esther Watts (coordinatrice de l’hôpital de jour, 1987-), Joe Della Cioppa, Stephen Hennessey, Rosmund Richards, Gerry Goodfriend, Carole Summers, Sonia Papakonstantinou.

Musicothérapeutes : Eddie Wugalter, Bryan Highbloom

Orthophoniste : Elaine Wohl (temps partiel, années 1980 à 2000)

Ergothérapeutes : Linda Schecter, Carole Weiner, Anne Brice

Personnel de soutien : Nicole Roach, Suzanne Racine, Anita Perrone, Elvira Ammendolea, Michael Buonvino (TI).

Bénévoles : Barbara Gallay, Joan Charlap (enseignante à la retraite, longs états de service), Eva Kuper (enseignante à la retraite), Pearl Gruber (enseignante à la retraite), Judy Kronick (enseignante à la retraite).

Donateurs et bienfaiteurs : Famille Kaplan, Arnold Steinberg, Famille Goodman, Fonds communautaire Bell Cause pour la cause, Famille Guzzo, Famille Black (années 1970 et 1980), Fondation de la famille Solomon.

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